• (1) La pieuvre évangéliste, instrument de l'impérialisme américain

     
     
    Vendredi 21 décembre 2007

     

    Comment Chomsky a occulté l'influence du lobby pro-israélien sur la politique des États-Unis (3e et dernière partie)
     
    photo in http://alterinfo.net

    Bonjour,

    Voici un sujet que l'on n'a pas l'habitude de traiter, l'utilisation par les Américains, surtout Républicains d'ailleurs, de la foi évangélique à des fins d'impérialisme, de domination des esprits, de pouvoir !

    Un petit témoignage personnel, d'abord, pour bien situer les choses. Je connais très bien le milieu des Evangéliques, - les plus ultras d'entre eux, on les appelle maintenant les Evangélistes. En effet, je me suis convertie, par hasard, il y a une trentaine d'années, parmi les Pentecôtistes, un mouvement né aux Etats-Unis, et qui privilégie les dons de l'Esprit Saint.
    J'ai pu faire avec eux plein d'expériences extraordinaires, et c'est quelque chose qui vous marque à jamais. Il y a une dizaine d'années, j'ai rompu les amarres. J'ai gardé la foi vivante, mais j'ai fui le sectarisme, le fanatisme, les excès en tous genres. 

    Il y a quelques années, j'ai dit à un Pasteur de la Fédération Protestante de France : " Les églises évangéliques sont incontournables pour une conversion, pour vivre quelque chose de beau, d'intense, de vivant, de profond. Mais une fois qu'on est un chrétien adulte, affermi dans la foi, il faut les fuir " . " C'est exactement cela ", m'a-t-il répondu.

    Les Eglises pentecôtistes françaises, les Assemblées de Dieu, les ADD, entretiennent des liens avec les Etats-Unis, sans leur être inféodées, et elles ont généralement fait preuve d'indépendance en ne soutenant pas la guerre en Irak, ni d'ailleurs toute forme d'hégémonie. Néanmoins, je me souviens parfaitement que la plupart d'entre elles citaient en exemple l'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid, alors que dans le même temps je boycottais les oranges outspan comme aujourd'hui je boycotte les pamplemousses de Jaffa, à cause des souffrances endurées par les Palestiniens qui s'apparentent à celles des Africains à l'époque de l'apartheid. 

    Une fois, je me suis rendue à une séance d'évangélisation au cours de laquelle un blanc officiait, et des Noirs chantaient. C'étaient des missionnaires sud-africains. Et à ma grande surprise, un musicien noir me fit l'apologie de ce régime raciste et haineux. Il avait été parfaitement  endoctriné, et il récitait fort bien sa leçon :" Il est normal que l'on soit soumis aux Blancs, ils nous sont supérieurs, il faut leur faire confiance..." et patati, et patata. Et plusieurs de mes paroissiens n'avaient qu'un rêve, participer en Afrique du Sud aux grandes croisades d'évangélisation, de Réveil comme on les appelait alors. On a les réveils que l'on peut.

    C'était l'époque où les pasteurs, officiels ou improvisés, me recommandaient la soumission, la docilité, et ils priaient pour que l'esprit de rébellion me soit ôté, tant et si bien que je finissais par rentrer sagement dans le rang, allant même jusqu'à implorer le Dieu tout puissant de briser ma nature indépendante. Je voulais ressembler aux autres paroissiennes, dociles, acceptant tout, ne murmurant jamais contre l'injustice, restant bien sagement à leur place. Et surtout ne cherchant plus à contester l'Ordre Etabli - pardon, le désordre établi. Apparemment, l'esprit de rébellion est revenu, chassez le naturel, il revient au galop.

    Et donc, les croisades en Afrique du Sud, c'était aussi, et peut-être surtout, afin de mater les esprits rebelles, afin de se les soumettre - de continuer à asservir les Africains, par conséquent.

    Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi Sarkozy tient tellement à nous fourguer la religion, n'importe laquelle, chrétienne, musulmane, juive ? Elles contribuent à la soumission, à l'acceptation du système, elles tuent l'esprit de contestation, et pendant ce temps les puissants perpétuent leur ordre injuste. Dieu aidant, les pauvres américains sont résignés à le rester, comme les Africains à demeurer esclaves, ou les Eva à se soumettre à l'iniquité ou à l'intolérable. Que dit notre Président ? " Les religions ne sont pas un danger, elles sont un atout pour la paix sociale, pour une coexistence paisible, respectueuse de chacun." Et surtout du désordre établi. C'est sûr, un converti, tout de docilité revêtu, ne fera pas grève et acceptera sans murmurer les miettes du festin capitaliste.  Comme dit notre valet de l'ordre libéral, " l'intérêt de la République, c'est qu'il y ait beaucoup d'hommes et de femmes qui espèrent ", et ne le contestent pas. Pratique, non ? Et tant pis s'il n'y a rien dans l'assiette. Dieu pourvoiera avec les hommes comme avec les oiseaux, c'est écrit dans la Bible.

    Au début de ma conversion, j'ai découvert la Théologie de la Libération, qui prônait la libération intégrale, même sociale. On a vite fait de me faire comprendre que je devais fuir ces sales chrétiens communistes, comme l'Eglise catholique a parfaitement su les diaboliser. On ne conteste pas, on accepte, point. En envoyant partout leurs missionnaires, les Américains veulent acheter la paix sociale, la soumission à leurs valeurs. Assurément,  un chrétien évangélique subit et se tait. Il ne pense pas à dénoncer l'injustice, il ne revendique pas. 

    Et savez-vous ? Il y a des missionnaires américains partout. Dans ma résidence à Marseille, il y en avait deux. Ils quadrillent chaque pays, chaque zone, chaque résidence. Consciencieusement. Il en part un, il en arrive deux. On en trouve même dans les pays Musulmans ! Et surtout là où on peut faire jouer des projets sécessionnistes et anti-arabes,  comme avec les Kabyles et les Berbères au Maghreb, ou avec les minorités kurdes d'Irak. Diviser pour régner, encore et toujours ! Les missionnaires sont très organisés, bien équipés, et fort bien dotés financièrement. Avec les Américains, d'ailleurs, tout s'achète, même l'ordre, même les consciences. A coups de dollars, de promesse d'emploi ou de visa, on détourne de la religion traditionnelle, de la famille et même de la communauté. Et si on ne peut pas agir ouvertement, on opère discrètement, et même secrètement, en se présentant comme médecin, militant d'association humanitaire,etc. Tout est bon pour ariver à ses fins. Le salut, c'est bien, mais c'est encore mieux si l'on se soumet, ou, surtout, si l'on se sépare de sa communauté, ce qui permet de l'affaiblir, voire de la déstabiliser. Il ne faut pas croire que le prosélytisme soit toujours sincère ! Il est d'abord animé par des considérations pratiques, intéressées, car il s'agit d'abord d'attiser le choc des civilisations. On est chrétien jusqu'à un certain point !

    Et ça marche ! La théologie de la Libération est en grande partie éradiquée, après avoir été concurrencée par des myriades d'églises pentecôtistes qui poussent comme des champignons, notamment en Amérique Latine.  Il y aurait quarante millions de convertis parmi les Latinos ! Et la progression s'accélère, la pieuvre s'étend à une vitesse incroyable ! Au Guatemala, par exemple, 30 % de la population a attrapé le virus. Et les Africains ? Ils sont déjà près de 15 % à avoir franchi le pas. En Asie, le Pentecôtisme gagne du terrain. Surtout en Corée du Sud, célèbre pour ses méga-churches qui rayonnent un peu partout.

    Et ce n'est pas fini ! L'action des missionnaires, financée par les Etats-Unis, est  relayée par de nombreuses radios et télévisions, bénéficiant notamment du soutien du Congrès, de la CIA, du Pentagone - du beau monde ! C'est une véritable multinationale religieuse qui, en tant que telle, développe des stratégies de marketing, de conquête ! Et pour mieux appâter les moins cultivés, les plus pauvres, les Eglises se doublent d'activités économiques et sociales. Ce sont des cibles de choix, et des proies faciles. 

    Danger ! Les missions, c'est un moyen d'asservir les consciences, de se les soumettre ! Les églises évangéliques, c'est une des multiples formes que revêt l'impérialisme américain, un intstrument, sournois, discret, mais très efficace, de sa domination, et je regrette d'être la première, apparemment, à m'intéresser à ce phénomène très dangereux ! Comme je vais d'ailleurs prochainement me pencher sur la question des ONG, faussement charitables, qu'on trouve un peu partout, et que "l'homme de l'année", M.Poutine, redoute à juste titre ! Là aussi, je vais être une pionnière : Pourquoi ? Pourquoi ne s'empare-t-on pas des sujets qui sont cruciaux pour l'avenir de tous ?

    Actuellement, le "dada" des églises évangéliques nord-américaines, c'est le soutien au peuple d'Israël. Nous allons voir pourquoi : Là aussi, l'intérêt prime d'abord ! Pour la sincérité, on repassera... Les Américains ne s'engagent que pour le dollar ou pour Dieu ! Un Dieu bien personnel, et surtout éloigné... de l'Evangile !

    J'envoie aussitôt le 2e et le 3e volet de cette étude. A tout de suite ! Votre Eva



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    RELIGIONS ET CROYANCES

    Le CUFI : 50 millions d'évangéliques pour soutenir Israël


    Dans un pays où les citoyens ont déserté les partis politiques pour rejoindre des Églises évangéliques, la formation de l'opinion publique commence par l'encadrement des fidèles. Alors qu'ils préparaient l'offensive contre le Liban, le Pentagone et Tsahal mettaient en place une fédération des chrétiens sionistes, le CUFI, avec pour mission de transformer 50 millions d'évangéliques en militants de la guerre.



     

    Réunion de Christians United for Israel (CUFI).
    Réunion de Christians United for Israel (CUFI).
    par Thierry Meyssan*


    Pour s'assurer du soutien de l'opinion publique états-unienne dans la guerre contre le Liban - puis la Syrie et l'Iran -, le Pentagone et Tsahal ont mis en place une structure d'encadrement, dès la fin 2005, pour mobiliser 50 millions d'évangéliques. L'axe central de cette opération a consisté à fédérer leurs leaders au sein d'une structure idéologique unique : Christians United for Israel (Chrétiens unis pour Israël – CUFI). La fonction de ce nouveau groupe n'est pas de se substituer à l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) [1] en termes de lobbying dans la classe dirigeante, mais de propager la théologie sioniste dans les Églises évangélique et au-delà de sorte que le soutien aux offensives israéliennes soit perçu par une majorité d'États-uniens comme un devoir religieux.

    En janvier 2006 paraît un ouvrage à sensations : Jerusalem Countdown : A Warning to the World... the Last Opportunity for Peace (Le compte à rebours de Jérusalem : une alerte pour le monde… la dernière occasion pour la paix) [2]. Il devient immédiatement et pour trois mois, le principal best-seller vendu en supermarché aux États-Unis.
    Résumons son propos en essayant de rester sérieux : l'Iran est dirigé par des fanatiques qui veulent rayer Israël de la carte en lançant une bombe atomique sur Jérusalem. Après l'invasion d'Israël par les musulmans et les Russes, une seconde guerre pour le contrôle d'Israël opposera les États-Unis d'un côté à la Chine et l'Union européenne de l'autre. C'est là que surgira l'Antechrist [3] sous la forme du président de l'Union européenne. Enfin une terrible guerre atomique concluera ce cycle. La bataille décisive se tiendra à Meggido (Armaggedon). Alors le Christ radieux pourra revenir sur terre récompenser ceux qui ont cru en lui. Heureusement Tsahal et le Pentagone peuvent faire pencher la balance du bon côté en intervenant préventivement, y compris en utilisant de nouvelles bombes nucléaires tactiques. Il faut donc livrer la guerre sans attendre.
    L'auteur de ce best-seller militaro-religieux est le pasteur texan John Hagee, la nouvelle star du christianisme sioniste [4].
     

     

    Le banquet de création du CUFI (18 juillet 2006).
    Le banquet de création du CUFI (18 juillet 2006).
    Les origines du christianisme sioniste

    Historiquement le sionisme est un phénomène chrétien bien avant d'être juif. Les chrétiens sionistes croient former un second peuple élu et pensent que leur destin est lié à celui du peuple juif. Pour eux, le retour du Christ ne surviendra pas avant que les juifs ne se soient regroupés en Palestine. Pour hâter la fin des temps, ils doivent donc re-créer un État pour les juifs et ne pas avoir peur de provoquer des cataclysmes apocalyptiques.

    Le premier chef d'État à faire de son pays un second Israël et à appeler à la création d'un État juif en Palestine est le puritain anglais Oliver Cromwell au XVIIe siècle. Après la restauration de la monarchie, ceux de ses adeptes qui furent chassés du royaume s'enfuirent en Irlande du Nord et aux Pays-Bas, puis fondirent des colonies en Afrique australe et en Amérique. Ce courant politico-religieux ne disparut pas pour autant d'Angleterre. Il trouva même une nouvelle expression avec le Premier ministre de la reine Victoria, Benjamin Disraeli, qui est aujourd'hui la référence historique principale des néo-conservateurs. Cependant le rabbinat était depuis toujours farouchement opposé à la création d'un État juif. Lorsque l'occasion s'était présentée au XIIe siècle, il avait refusé une proposition en ce sens de Richard Cœur de Lion et n'avait jamais changé d'appréciation. Les chrétiens sionistes durent attendre le XIXe siècle et le nationalisme de Theodor Hertzl pour trouver des juifs sécularisés qui acceptent leurs plans.

    Comme l'a montré Jill Hamilton, la décision de Llyod George et Lord Arthur James Balfour en 1917 de créer un « foyer national juif » en Palestine, si elle a donné lieu à de nombreuses justifications rhétoriques, est bien l'aboutissement du rapprochement entre chrétiens sionistes et nationalistes juifs [5].

    Cependant cette alliance se heurtait à une contradiction : l'antisémitisme chrétien. En effet, les chrétiens sionistes affirmaient qu'à la fin des temps les juifs devraient se convertir au Christ ou être précipés en enfer. Bref, un bon juif serait un juif converti au christianisme. Quoiqu'il en soit, les conjonctions d'intérêt à court terme passèrent avant ce type de considération, elles devinrent même une politique.

    Au cours de la guerre des Six jours (1967), Israël prit conscience du poids électoral des sectes évangéliques sionistes aux États-Unis et commença à financer leur leader, le pasteur Jerry Falwell, co-fondateur de la Moral Majority [6]. En 1978, il fut invité à planter des arbres sur la « Terre promise » et donna son nom à une forêt. En 1979, le gouvernement israélien lui offrit un jet privé pour l'aider dans son ministère religieux. En 1980, le Premier ministre Menahem Begin lui remit solennellement à New York la prestigieuse médaille Zeev Jabotinsky, du nom du penseur d'extrême droite qui fut son mentor et dont Netanyahu père fut le secrétaire.

    - Cette alliance est institutionnalisée en septembre 1980. À l'occasion du vote d'une résolution de la Knesset affirmant - en violation du droit international - que Jérusalem est la capitale d'Israël, Begin finance la création de l'Ambassade chrétienne internationale de Jerusalem (International Christian Embassy Jerusalem). Cet organisme développe le tourisme évangélique et collecte des fonds auprès des pélerins en faveur de l'immigration juive. Pour cela, il a ouvert un « consulat » dans chaque État des États-Unis.
    - En août 1985, l'Ambassade organise avec les autorités du régime d'apartheid sud-africain le premier congrès mondial des chrétiens sionistes [7]. Il se tient à Bâle (Suisse) dans la salle où 98 ans plus tôt Theodor Herzl créa le mouvement juif sioniste.
    - En octobre 2003, les chrétiens sionistes scellent leur alliance avec les néo-conservateurs lors du Sommet de Jérusalem, en présence d'Ehud Olmert et de Benjamin Netanyahu [8].
    - Enfin, le 5 janvier 2004, le bureau du Sommet de Jérusalem créée un groupe ad hoc de 14 parlementaires à la Knesset, le Christian Allies Caucus [9].

    Toutes ces opérations ont été conduites avec l'aide d'une discrète organisation, la Fellowship Foundation, qui supervise et finance discrètement depuis le Pentagone une myriade d'Églises évangéliques dans le monde [10].
     

    La théologie des deux alliances

    Le sénateur Rick Santorum s'adressant aux membres du CUFI.
    Le sénateur Rick Santorum s'adressant aux membres du CUFI.
    L'originalité du pasteur John Hagee est d'avoir concilié la foi évangélique à la réalité de l'État d'Israël. Dès 1988, il affirme que les juifs observant la Loi de Moïse seront sauvés sans avoir à se convertir au Christ. C'est la « théologie des deux alliances » : Dieu a conclu des pactes différents avec ses deux peuples élus, les juifs et les évangéliques. Le révérend Hagee est d'abord rejeté par Jerry Falwell, puis réintégré dans le concert chrétien sioniste, dont il devient aujourd'hui le porte-parole [11]. Ce parcours et cette innovation idéologique font de lui l'homme idéal pour transformer le mouvement religieux chrétien sioniste en un lobby de masse pour Israël.


    Le 7 février 2006, le révérend John Hagee anime au Texas une rencontre de 400 pasteurs évangéliques états-uniens en vue de la création d'une fédération des chrétiens sionistes. Simultanément, il lance avec l'Ambassade chrétienne un magazine bimestriel diffusé en supplément du Jerusalem Post, le JP Christian Edition. Le Post est un quotidien néo-conservateur dirigé par Aviv Bushinsky, ancien conseiller en communication et porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le supplément mêle des articles sur le parc d'attraction évangélique en Galilée et d'autres sur la menace iranienne, et ses bras armés le Hamas et le Hezbollah. On y dénonce aussi les universitaires européens qui analysent l'écriture de la Bible dans son contexte socio-historique et traitent l'Israël biblique comme un mythe.

    Loin d'être un handicap pour sa nouvelle mission, l'extrémisme du révérend Hagee plaît aux Likoudniks : n'a-t-il pas écrit un éloge de l'assassinat d'Yitzhak Rabin, coupable à ses yeux d'avoir bradé la « Terre promise » ? [12]

    La fédération des chrétiens sionistes voit le jour à l'occasion d'un banquet de 3 500 pasteurs et responsables évangéliques à l'hôtel Hilton de Washington… le 18 juillet 2006, soit cinq jours après le début de l'offensive israélienne contre le Liban. La Providence fait bien les choses et c'est l'occasion d'une mobilisation de toutes les organisations évangéliques en faveur de Tsahal. Au micro, outre le pasteur Jerry Falwell, se succèdent des parlementaires états-uniens (les sénateurs Sam Brownback, John Cornyn, Kay-Bailey Hutchison et Rick Santorum, le représentant Henry Bonilla), l'ambassadeur d'Israël Daniel Ayalon et l'ancien chef d'état-major le général Moshé Yaalon. La nouvelle fédération prend le nom de Christians United for Israel (CUFI) [13].

    Dans la foulée, les parlementaires du CUFI mettent en place un Israel Allies Caucus à la Chambre des représentants pour faire le pendant du Christian Allies Caucus de la Knesset. Il est co-présidé par le républicain Dave Weldon et le démocrate Eliot Engel [14]. Des groupes parlementaires identiques sont en cours de formation aux Philippines et en Corée du Sud.

    Si le révérend John Hagee est un prêcheur à succès, à la tête d'un petit empire de communication, il n'est pas la tête pensante du CUFI. La fédération chrétienne sioniste est dirigée par David Brog, un assistant parlementaire juif sioniste et accessoirement un cousin de l'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak. Bien qu'il comprenne des parlementaires démocrates, le CUFI chasse presque exclusivement sur des terres républicaines. Il entretient notoirement des liens étroits avec la Maison-Blanche et a joué un rôle important dans l'adoption par le Congrès d'une résolution « condamnant les récentes attaques contre l'État d'Israël, tenant les terroristes et leurs États-sponsors comme responsables de ces attaques, et supportant le droit d'Israël à l'auto-défense » [15]. Texte rédigé par l'AIPAC et adopté par 410 voix contre 8 à la Chambre des représentants et à l'unanimité par le Sénat. De même, le CUFI et l'Israel Allies Caucus ont convaincu 115 représentants d'écrire au président Bush pour qu'il durcisse les sanctions contre la Syrie.

    C'est David Brog qui a lancé l'expression « douleurs de l'enfantement » à propos du remodelage du Grand Moyen-Orient, en citant L'Évangile selon Matthieu, chapitre 24. Des guerres actuelles, un monde nouveau surgira. Jésus n'a-t-il pas dit : « Il en viendra beaucoup sous mon nom qui diront “C'est moi le Christ” et ils abuseront bien des gens. Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerre, voyez ne vous alarmez pas car il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. (…) Et tout cela ne fera que commencer les douleurs de l'enfantement ». Une expression désormais reprise par Condoleezza Rice pour que les évangéliques adhèrent à la politique néo-conservatrice [16].

    « Israël fait notre travail et œuvre pour les peuples libres. Ses ennemis sont les mêmes ennemis que ceux des États-Unis. Il s'agit d'une bataille qui s'inscrit dans une guerre plus large, celle contre la civilisation judéo-chrétienne des forces du Bien contre celles du Mal. (…) Israël est en première ligne dans la guerre contre le terrorisme et nous ne pouvons que le soutenir », déclarait David Brog à l'AFP, il y a quelques jours [17].

    Le principal travail de David Brog est de rabibocher juifs et chrétiens sionistes en faisant oublier des siècles d'antisémitisme chrétien [18]. Pas facile dans un pays qui, il y a deux ans, applaudissait un film de Mel Gibbson, La Passion du Christ, désignant les juifs comme déïcides [19]. En mai 2006, M. Brog a publié un essai Standing with Israel : Why Christians Support Israel (Debout avec Israël : pourquoi les chrétiens soutiennent Israël) [20]. Prenant quelques libertés avec l'Histoire, il y affirme que les deux peuples élus se sont réconciliés lorsque les États-Unis ont vaincu le IIIe Reich et voté la création de l'État d'Israël.
     

    L'impact du CUFI

    L'éditeur chrétien Steve Strang, le rocker Pat Boone et le pasteur Jerry Falwell au CUFI.
    L'éditeur chrétien Steve Strang, le rocker Pat Boone et le pasteur Jerry Falwell au CUFI.


    Le pasteur John Hagee dipose de moyens de communication exceptionnels. Il produit deux fois par un jour un talk-show diffusé par l'un des trois grands réseaux télévangéliques au monde, Trinity Broadcast Network (TBN). Ce programme, accessible par satellite dans le monde entier est reçu par 92 millions de foyers aux États-Unis. TBN a toujours été lié à Israël et au gouvernement sud-africain à l'époque de l'apartheid [21]. Le révérend Hagee peut aussi compter sur la maison d'édition de son ami Steve Strang qui publie notamment le mensuel Charisma.


    En outre John Hagee n'a pas de problèmes financiers. En 2000, il a acheté un ranch à Brackettville (Texas) pour 5,5 millions de dollars géré par la Texas Israel Agricultural Research Foundation. Il peut y recevoir ses amis, dont les avions atterrissent sur son aéroport privé. En 2001, le salaire de ce précheur béni de Dieu s'élevait à 1,25 millions de dollars [22]

    Kevin Philips, qui est considéré comme un des meilleurs experts de sociologie électorale aux États-Unis, assure que l'administration Bush s'appuie sur trois groupes sociaux : la bourgeoisie liée au pétrole, les fidèles évangéliques, et les retraités vivant à crédit [23]. L'encadrement des Églises évangéliques s'étant substitué à celui du parti républicain, les évolutions théologiques sont déterminantes pour la politique de Washington.

    Il est trop tôt pour affirmer que l'objectif du CUFI est atteint. Cependant, face aux événements qui ensanglantent le Liban, 68 % des États-uniens déclarent aux sondeurs qu'ils se sentent spontanément proches d'Israël et 63 % que l'administration Bush doit poursuivre ou accroître son soutien militaire à Tsahal [24].
     

     

    En novembre 2004, John Hagee remet deux chèques d'1 million de dollars chacun pour les enfants israéliens et pour les juifs immigrants.
    En novembre 2004, John Hagee remet deux chèques d'1 million de dollars chacun pour les enfants israéliens et pour les juifs immigrants.
    Thierry Meyssan
    Journaliste et écrivain, président du Réseau Voltaire.



    [1] « Les fondamentalistes pour la guerre » par Thom Saint-Pierre, Voltaire, 3 avril 2003.

    [2] Jerusalem Countdown : A Warning to the World...the Last Opportunity for Peace, par le révérend John Hagee, Frontline éd., 2006.

    [3] Pour les chrétiens, l'Antechrist est un personnage qui doit venir avant (= ante) le Christ pour égarer les fidèles. Il est parfois appelé Antichrist pour souligner qu'il s'oppose (= anti) au Christ.

    [4] « Pastor Strangelove » par Sarah Posner, American Prospect, 6 juin 2006.

    [5] God, Gunns and Israel : Britain, the First World War and the Jews in the Holy Land, par Jill Hamilton, Sutton Publishing, 2004.

    [6] Jerry Falwell : An Unauthorized Profile, par William Goodman et James Price, Lynchburg, 1981.

    [7] Prophecy and Politics, Militant Evangelists on the Road to Nuclear War, par Grace Halsell, Lawrence Hill & Company, 1986. L'auteur, qui a assisté au congrès en qualité de journaliste, était l'ancienne rédactrice des discours du président Johnson.

    [8] « Sommet historique pour sceller l'Alliance des guerriers de Dieu », Voltaire, 17 octobre 2003.

    [9] « The Judeo-Christian Alliance - Is the Messianic Era Beginning ? » Par Victor Mordechai, Israel Today Magazine, 16 février 2004. Le caucus est présidé par le député Yuri Shtern, l'un des membres du Bureau du Sommet de de Jérusalem.

    [10] À ce sujet on se reportera aux trois présentations délivrées à la conférence Axis for Peace à propos de la percée évangélique en Amérique latine, dans le monde arabe, et en Afrique noire. Dont « Les Églises évangéliques et le jeu des États-Unis dans le monde arabe » par Charles Saint-Prot, Voltaire, 14 novembre 2005.

    [11] La condamnation d'Hagee est publiée par Falwell dans Liberty Flame du 6 mai 1994 sous le titre « John Hagee : Heretic ? » Au passage, elle donne lieu à une critique de la vie privée du révérend Hagee qui divorca de sa première femme pour épouser une adolescente. Sa réhabilitation a lieu à l'occasion d'un meeting de la Liberty University, le 4 juillet 2002. Voir « Falwell festivities have surprise guest, » par Julia Duin, The Washington Times, 3 juillet 2002 ; et « Old foes Falwell, Hagee defuse fireworks ar ‘old-fashioned fourth' », Church and State, septembre 2002.

    [12] in The Beginning of the End, par John Hagee, STL, 1996.

    [13] « Christian group to advocate more support for Israel » par Julia Duin, The Washington Times, 13 juillet 2006. « Evangelical Christians plead for Israel » par Richard Allen Greene, BBC, 19 juillet 2006.

    [14] « Congress forms Israel Allies Caucus » par Etgar Lefkovits, The Jerusalem Post, 27 juillet 2006.

    [15] Résolution HR 921 du 20 juillet 2006.

    [16] « Les néo-conservateurs et la politique du « chaos constructeur » par Thierry Meyssan, Voltaire, 25 juillet 2006.

    [17] « Pour des évangélistes, la guerre au Proche-Orient est “entre le Bien et le Mal” », AFP, 11 août 2006.

    [18] « Birth Pangs of a New Christian Zionism » par Max Blumenthal, The Nation, 8 août 2006.

    [19] « L'implosion de l'alliance judéo-chrétienne », Voltaire, 23 février 2004.

    [20] Standing with Israel : Why Christians Support Israel, par David Brog, Frontline, 2006.

    [21] Spiritual Warfare, The Politics of the Christian Right, par Sara Diamond, South End Press, 1989.

    [22] « Critics say John Hagee's compensation is too high » par Analisa Nazareno, San Antonio Express-News, 20 juin 2003.

    [23] American Theocracy : The Peril and Politics of Radical Religion, Oil, and Borrowed Money in the 21st Century, par Kevin Phililips, Viking, 2006. Kevin Phillips est l'ancien conseiller électoral du président Nixon.

    [24] Sondage CNN réalisé les 2 et 3 août 2006.
     

    Mardi 15 Août 2006
    Thierry Meyssan

     

     

     

     

     

    Condamnation du sionisme chrétien

    vendredi 25 août 2006.

     

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    Bill Bowder, journaliste à l’hebdomadaire anglican Church Times du 25 août 2006

    Le sionisme chrétien vient d’être condamné mardi dernier par une déclaration commune des dirigeants des quatre principales Église chrétiennes du Moyen-Orient, comme étant raciste, violent, contraire à l’Évangile d’amour et menaçant la sécurité commune.

    La déclaration est signée par Mgr Michel Sabbah, patriarche catholique de rite latin, par l’archevêque Swerios Malki Mourad de l’Église orthodoxe syrienne, par le très Rev. Riah Abu El-Assal, évêque anglican de Jérusalem et par le très Rev. Munib Younan évêque luthérien.

    «  Nous refusons l’alliance qu’établissent actuellement les responsables sionistes chrétiens avec des membres des gouvernements d’Israël et des États-Unis. Ils décident unilatéralement et à l’avance du pouvoir la Palestine et de ses frontières, ce qui provoque inévitablement un cycle ininterrompu de violence qui menace la sécurité de tous les peuples du Moyen-Orient et du monde entier.  »

    Les quatre dirigeants appellent au rejet des « vues étroites du sionisme chrétien qui identifient l’Évangile avec les idéologies impérialiste, colonialiste et militariste. Dans sa forme radicale, le sionisme met l’accent sur les événements apocalyptiques de la fin de l’histoire alors qu’il convient de vivre aujourd’hui l’amour du Christ et la justice. » Cette position a été soutenue le lendemain mercredi par l’évêque d’Exeter, le très Rev. Michael Langrish, qui est très concerné par la situation en Palestine. « Les gens n’osaient pas, dit-il, s’attaquer au problème du sionisme tant dans sa forme juive que dans sa forme chrétienne, car ils craignaient d’être accusés d’antisémitisme. »

    Traduction Gilles Castelnau
    http://www.churchtimes.co.uk/index.asp?id=38143

    En tant que patriarche latin de Jérusalem, quel est votre rôle ?

    medium_image003.jpgNotre rôle, à nous chefs religieux chrétiens, est de rappeler la vérité. D’un côté, les Israéliens disent faire la guerre pour être reconnus et acceptés en tant que peuple dans cette région. Les Palestiniens disent lutter contre l’occupation. Selon nous, Israël doit être reconnu en tant que peuple et doit pouvoir vivre en sécurité. De même, les Palestiniens ont droit à un Etat au sein duquel ils pourront vivre en paix. Or, Israël a réussi à convaincre le monde qu’il luttait contre le terrorisme. Ce qui est faux, car le peuple palestinien se bat pour sa liberté.

    http://www.rjliban.com/interview33.htm 

    000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000

    Extraits du documentaire: "L’armée révolutionnaire du Christ"
    Diffusion: Mardi 19 septembre à 22h20

    Fondée en 1997 à Oslo, la "Jesus Revolution Army" investit la culture des jeunes pour propager les idées les plus conservatrices des églises évangéliques. 
    Voir la vidéo

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    Extraits du documentaire: "Dieu contre Darwin"
    Diffusé mardi 19 septembre à 20h40


    Un tour d’Europe, à la rencontre d’activistes opposés à la théorie de l’évolution qui commencent à se frayer un chemin dans les écoles.
    Voir la vidéo

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    Quand la Bible devient une arme
    THEMA
    Mardi 19 septembre 2006 à partir de 20h40

     

     

     

    PEUPLE ELU OU PEUPLE UTILE ?

     

    medium_p300_evangeliste.jpg
    Peuple élu ou peuple utile ?
    Par Ugo Rankl pour Guysen Israël News
    29 octobre 2006 14:26
     
    Il y a, dans les campagnes d’Alabama et du Kentucky, des Chrétiens qui prient en serrant un nœud de crotales dans leurs mains car il est écrit dans le Nouveau Testament , Marc 16:17-18 : «Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, ilmedium_geuu_01_img0158.jpg ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris.»
     
     Chaque année, ces gens font une grande récolte de serpents venimeux qu’ils libèrent ensuite dans une petite arène de bois. Les garçons, pour tenir leur rang dans leur communauté, doivent apporter la preuve de leur confiance absolue dans la parole du Christ en posant leurs pas dans le grouillement des reptiles. Ils doivent mépriser leur peur et ne pas craindre – douter serait un péché – qu’il leur arrivemalheur. Ces Chrétiens n’ont peur que d’une chose : que les Juifs perdent Jérusalem.


    suite à ¨Pieuvre (2)                http://le-Raton-laveur.blogspîrit.com

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