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    Samedi 6 octobre 2007


    Bonjour, 

    Dépêches, communiqués, articles... que vous ne trouvez pas, ou difficilement, dans la presse. Au menu, la possible réorientation de la politique étrangère américaine, la question palestinienne ou iranienne.... bref, ce qui fait l'actualité aujourd'hui. Certaines informations peuvent paraître mineures, pourtant elles apportent de nouvelles touches pour comprendre l'actualité. Et par ex, sait-on que les Démocrates sont généralement acquis à l'aventure iranienne ? Et que Giulani est encore plus extrémiste que Bush ? Lisez, sans préjugés. Votre Eva
    P.S. Etant donné la conjoncture actuelle, une large part sera donnée au Proche-Orient, à l'Amérique des Néoconservateurs, au "couple" Etats-Unis-Israël...





     

       

    par Dominique Larchey-Wendling
      vendredi 5 octobre 2007    
       
       
       


    "Je hais tous les Iraniens"

    traduction d’un article de Gary Leupp, original ici.

    En d’autres temps, c’était synonyme de suicide politique. Un officiel de l’administration Bush (plus spécifiquement, l’assistant du ministre de la Défense pour les affaires de la coalition) a prononcé les mots suivants devant un groupe de six parlementaires britanniques, "quoi qu’il en soit, je hais tous les Iraniens". Trois parlementaires qui étaient présents à cette réunion ont confirmé ces propos au tabloïd britannique le Daily Mail.

    L’officiel en question, Debra Cagan, apparaît en photo dans le Daily Mail, dans une veste de cuir rouge accompagné de ce qui semble être un collier de cotte de mailles autour du cou doublé d’un pendentif en forme de croix martiale, bien qu’à ma connaissance cette femme soit juive. Ses cheveux sont gominés vers l’arrière comme chez un membre d’une de ces bandes de jeunes des années 50. Cela lui donne le look d’une "gouine dominatrice sado-maso" [Ndt : "butch dominatrix" expression argotique difficile à traduire]. J’espère qu’elle ne sera pas offensée par cette description parce qu’elle est fidèle et que je suspecte qu’il est dans son intention de projeter une telle image. (On pourrait la comparer à celle de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice quand elle débarqua à l’aéroport militaire de Wiesbaden en février 2005, portant une jupe noire laissant à peine entrevoir ses jambes, un grand manteau noir à boutons dorés descendant à mi-mollets, et une paire de bottes à talons hauts montantes jusqu’au genou. Quelle volonté d’affirmation vestimentaire anime ces puissantes femmes politiques ?)

    Habillée de cette manière, elle affirme dans un aparté détendu avec de respectables Britanniques, comme s’ils étaient susceptibles de comprendre et pouvaient avoir une autre réaction que celle d’être consternés : "je hais tous les Iraniens". A-t-elle pris la précaution de préciser "juste entre nous les impérialistes" ? S’attendait-elle juste à ce qu’ils acquiescent sympathiquement et gardent cette information pour eux ? Le Daily Mail rapporte qu’ils ont en fait été "interloqués", ce qui nous rassure sur leur état mental.

    Donc le mot est maintenant lâché, mais de manière prévisible, il a fait l’objet d’un démenti. Un officiel anonyme du département de la défense a assuré le Daily Mail "qu’elle ne s’exprime pas de cette manière". Au début du XXIe siècle, il n’est pas à la mode de haïr des peuples entiers, et dans les pays civilisés, il existe en fait des lois qui punissent les discours de haine. Un officiel du département de la défense ne peut pas dire à des parlementaires britanniques, "quoi qu’il en soit, je hais tous les juifs", par exemple. Cela était possible dans les années 1930, mais ça serait un suicide politique aujourd’hui. Mais peut-être est-il possible de dire la même chose que ce qu’a dit Cagan sans conséquence pour son emploi.

    Lorsque la totalité des sénateurs appellent les Etats-Unis à "se confronter" à l’Iran, lorsque la totalité des parlementaires décident, sous l’injonction de l’AIPAC [Ndt : American Isaeli Public Affairs Committee], de refuser de demander que Bush consulte le congrès avant une attaque de l’Iran, lorsque l’empire Perse de Xerxès est dépeint de manière ridicule comme un ennemi de la "liberté" dans un film populaire [Ndt : le film 300], lorsque le président d’une grande université américaine utilise l’opportunité d’une invitation du président iranien pour l’insulter en long et en large avant de lui laisser la parole... Eh bien, vous comprenez que les normes de la civilité ne s’appliquent plus. La logique et la raison font pâle figure à côté de la puissance des mythes et des arrière-pensées de ceux qui cherchent à créer leur propre réalité, nouvelle, sauvage, et spectaculairement démente. Les nazis appelaient cela "le triomphe de la volonté" - la volonté qui anéantit ceux que l’on haît, les faibles, les insignifiants et qui permet aux "Übermenschen", les surhommes, de réaliser leur destin.

    D’une certaine manière, il semble approprié qu’un officiel du département de la défense parle de manière aussi directe alors même que trois porte-avions américains croisent au large des côtes iraniennes, que la campagne de désinformation anti-iranienne richement dotée bât son plein, et que des idéologues néoconservateurs qui ont un large accès à la Maison-Blanche demandent explicitement le bombardement de l’Iran [Ndt : Norman Podhoretz]. Il s’agit-là du paroxysme naturel de la vague de diabolisation. Si vous les haïssez "tous" (alors même que vous êtes grotesque dans votre ignorance de leur très grande contribution à la civilisation humaine,) pourquoi ne pas les atomiser, eux, leurs monuments et leurs trésors, en détruisant 3000 ans d’Histoire, et en "les rayant de la carte" ? Pourquoi ne pas préparer l’opinion publique pour ce scénario bouleversant, tout en écrasant de ses bottes la conscience de tous les sympathisants de ceux que vous appelez "nègres des sables", alors que vous cherchez à propager l’évangile de haine de Bush ?

    Gary Leupp est professeur d’histoire à l’université de Tufts, et professeur adjoint de l’étude des religions.
    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=29866

     


    Naïma, 9 ans, menace la majorité juive en Israël

    jeudi 4 octobre 2007

    Daphna Golan - Ha’aretz

    Bien que l’année scolaire ait commencé le 2 septembre, Naïma, 9 ans, est toujours chez elle à la maison. Dans aucune école de la ville il n’y a de place pour elle. Des milliers d’élèves palestiniens de Jérusalem-Est sont dans son cas. Dans une lettre adressée fin août à l’Association pour les Droits du Citoyen (ACRI), Souheila Abou Gosh, directrice adjointe de l’Administration de l’Enseignement de Jérusalem, qui dépend de la municipalité et du Ministère de l’Education, écrivait : « A notre grand regret, il n’y a pas de place pour absorber les 16 élèves figurant sur les listes que vous aviez jointes à vos lettres, depuis la classe de 2e jusqu’à la classe de 8e. » Sur papier officiel de la municipalité de Jérusalem et du Ministère de l’Education, la personne en charge de l’enseignement admet que pour des enfants de Jérusalem, en âge légal d’obligation scolaire, il n’y a pas de place dans les écoles.

    Au cours de ces dernières semaines, l’Administration de l’Enseignement à Jérusalem a tenté de trouver de la place pour 16 élèves, par crainte que l’Association pour les Droits du Citoyen ne porte l’affaire devant la Cour Suprême. Comme chaque année depuis plusieurs années, la menace d’un recours auprès de la Cour Suprême pousse la municipalité à contraindre les directions d’école à fourrer encore un enfant dans une classe de toute façon déjà surpeuplée, afin de trouver une solution pour les requérants.

    Au début de l’année scolaire passée, la Ministre de l’Education avait annoncé son intention de travailler à réduire le manque de quelque 1.300 classes à Jérusalem-Est, mais l’année dernière, une cinquantaine de nouvelles classes seulement ont été construites pour toute la partie Est de la ville. En dépit de l’engagement pris, dans les années 2001-2007, devant la Cour Suprême, par le Ministère de l’Education et la municipalité de Jérusalem - de construire au moins 645 classes à Jérusalem-Est (245 selon une décision de la Cour Suprême de 2001 et 400 dans le cadre d’un engagement donné cette année à la Cour Suprême) - dans les faits, moins de cent nouvelles classes ont été construites depuis 2001.

    Les requêtes déposées par des parents qui ne trouvent pas de place pour leurs enfants dans les écoles de Jérusalem continuent d’avancer à la Haute Cour de Justice mais les débats juridiques, la focalisation sur les détails, nous dissimulent ce que chaque enfant voit : Jérusalem, qui se glorifie de sa réunification, mène une politique de séparation.

    D’après le rapport de la Coalition pour l’Enseignement Arabe à Jérusalem-Est, seule la moitié, environ, des enfants palestiniens de Jérusalem-Est - 39.400 sur 79.000 élèves - fréquentent aujourd’hui le réseau d’enseignement municipal. Parmi les autres, nombreux sont ceux qui fréquentent des écoles privées, les écoles de l’ONU ou des écoles situées en dehors de la ville. Les deux tiers environ des écoles publiques à Jérusalem-Est sont installées dans des appartements loués. Et il reste encore des centaines d’enfants qui ne trouvent pas de place dans les écoles de Jérusalem.

    En 40 ans d’occupation, Israël a établi des quartiers juifs sur des terres arabes à Jérusalem-Est - comme Gilo, la Colline française, Neveh Yaakov et d’autres - et voyez le miracle : on n’y voit aucun enfant qui ait besoin de s’adresser à la Cour Suprême pour pouvoir aller à l’école. On ne conçoit pas qu’il puisse ne pas y avoir de place pour des enfants juifs dans le réseau d’enseignement de Jérusalem.

    Jérusalem, qui fête ces jours-ci dans l’allégresse les 40 ans de son unification, est une ville partagée. La discrimination dans l’enseignement de la ville fait partie d’une tentative réglée de réduire le nombre d’habitants palestiniens, afin de préserver une majorité juive. Ces efforts s’illustrent également dans les destructions de maisons, la confiscation de terres, le retrait de la carte d’identité pour tous ceux qui sont, par exemple, allés étudier ailleurs, la surpopulation des écoles : tout cela constitue la mise en œuvre d’une politique qui tient les Palestiniens pour des citoyens de second ordre.

    C’est pour cela qu’il n’y a pas de place pour Naïma dans les écoles de Jérusalem. Naïma, comme des milliers d’autres enfants palestiniens à Jérusalem, menace la majorité juive. Le réseau d’enseignement israélien ne veut pas de Naïma. Il ne veut pas que Naïma lui rappelle que le maintien de la majorité juive n’est pas un objectif pédagogique.

    (JPG)
    Daphna Golan

    La politique de l’enseignement à Jérusalem nous montre, grossie à la loupe, une image de l’ensemble de la réalité israélienne discriminatoire. Un Etat qui bâtit des écoles pour les enfants d’un groupe mais pas d’un autre est un Etat d’apartheid.


    Daphna Golan enseigne à la faculté de Droit de l’Université Hébraïque de Jérusalem

    De la même auteure :

    -  De quoi avons-nous peur ?

     

     http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article-2834

    Daphna Golan - Ha’aretz, le 3 octobre 2007
    Version anglaise : Naïma is threatening the Jewish majority
    Traduit de l’hébreu par Michel Ghys

     

      Le stupéfiant retour de Ben Laden:Le silence effrayant des media US sur un juif nommé Adam Pearlman
    "Depuis trois ans on n’avait pas vu Ben Laden sur Internet s’il lui
    était arrivé, comme en décembre 2006, de commettre quelques cassettes
    audios. En 2004, on s’en souvient, son intervention en faveur du
     candidat
    démocrate John Kerry avait formidablement profité… à Bush! Pas de
    doute, le séquençage est cette année encore remarquable puisque, sous
    prétexte de 11-Septembre, le barbudo supremo se montre deux fois en une
    semaine alors que le président des Etats-Unis est en grande difficulté
    devant le Congrès pour obtenir un surcroît de financement pour sa
    guerre d’Irak.
    
    L’ennui est que son apparition sur les écrans avec sa barbe teinte, sa
    belle santé et son élocution molle, fait rire. En 2003, sur CNN, le
    spécialiste médical de cette chaîne, le Dr Sanjay Gupta, avait
    démontré à partir d’une vidéo datant de 2001 que Ben Laden ne
    pouvait être que mort, opinion partagée par de nombreux services
    secrets, dont la DST française. Atteint d’insuffisance rénale
    chronique, on le voyait mal dialysé dans les zones montagneuses
    d’Afghanistan où il avait trouvé refuge. Mais tant de gens —
    d’Israël aux Etats-Unis et aux islamistes radicaux — ont besoin de
    Ben Laden! Ainsi que d’Al-Qaïda, cette “banque de données”
    imaginée par la CIA lors de la guerre d’Afghanistan contre les
    Soviétiques afin de répertorier les groupes terroristes qu’elle
    finançait et armait.
    
    Avec les dernières vidéos, on a changé de registre. Même
    l’Associated Press observe que le discours n’est plus celui de Ben
    Laden. L’homme qui s’exprime, s’il conseille aux Américains de se
    convertir à l’islam, “semble, dit l’Agence, plus concerné par les
    démons capitalistes, le Réchauffement Climatique et la crise des
    subprimes”. Thématique d’un militant révolutionnaire d’extrême
    gauche ou d’extrême droite classique, sûrement pas d’un
    intégriste musulman.
    
    La vidéo présentée sur Internet possède deux incrustations.
    L’une, As Sahab, est un site fondamentaliste islamique supposé
    correspondre à Al Qaïda. L’autre, SITE, est plus intéressant. SITE
    Intelligence Group se présente comme “américain et spécialisé
    dans la surveillance et la recherche sur Internet de sites terroristes
    islamiques”. On y effectue un travail de traduction considérable, comme
    ce fut le cas pour ces vidéos de “Ben Laden”. Cette tâche était
    précédemment réalisée par MEMRI, un site musulman radical
    anti-israélien que ses traductions truquées ont fini par rendre suspect
    d’être, en réalité, manipulé par le Mossad.
    
    Or SITE n’est pas différent. Ses deux responsables méritent
    attention. D’abord sa directrice, Rita Katz, arrivée d’Israël en
    1997, est née en Irak qu’elle dut quitter avec sa famille lorsque son
    père, agent du Mossad, y fut exécuté. Son associé, Josh Devon,
    étudiant juif post-doctorant à l’Institut d’Etudes Internationales
    Avancées (SAIS) de l’Université John Hopkins, y a notamment comme
    professeur Zbigniew Brzezinsky tandis que le directeur du SAIS n’est
    autre que notre vieil ami Paul Wolfowitz.
    
    
    Le silence effrayant des media US sur un juif nommé Adam Pearlman
    
    Mais, surtout, le nouveau discours de “Ben Laden” a aussitôt alerté
    le contre-espionnage américain. Ce langage en effet lui est familier.
    C’est celui que tient depuis des mois “Azzam l’Américain”, le
    jeune adjoint de Ayman El Zawahiri, l’Egyptien qu’on présente comme
    le numéro deux d’Al Qaïda.
    
    Azzam se fait appeler Adam Gadahn. Il a déjà réalisé plusieurs
    vidéos particulièrement violentes. Dans l’une d’elles,
    “Invitation à l’Islam”, diffusée en septembre 2006 et
    préfacée par Al Zawahiri, il conseillait aux Américains de se
    convertir et développait justement la thématique qu’a reprise “Ben
    Laden”. Gadahn est inscrit depuis plusieurs années parmi les
    terroristes les plus recherchés et son parcours, s’il est
    consciencieusement tu par les media, est fort bien connu. Jusqu’à 15
    ans, il vit avec ses soixante-huitards de parents, Jennifer et Phil
    Pearlman, dans une communauté agreste de Californie. Puis il rejoint
     ses
    grands-parents avec lesquels, passionné de rock Heavy Metal, il passera
    quelques années. Mais ce grand-père n’est pas n’importe qui. Carl
    Pearlman, un des plus célèbres chirurgiens américains, est
    l’adjoint du rabbin Abraham Foxman à la tête de l’Anti-Defamation
    League of B’naï Brith dont l’universitaire antisioniste Alfred
    Lilienthal écrira: “On peut dire sans exagération qu’il s’agit de
    l’organisation la plus importante des Etats-Unis. Travaillant en
    étroite collaboration avec le Mossad, la CIA et le FBI”. Très proche
    de ce grand-père, Adam Pearlman intégrera néanmoins un groupe de
    jeunes islamiques ultra-radicaux et, lui qui s’opposait violemment au
    terrorisme islamique, se fera remarquer par la virulence de son
    antisionisme. Il se convertira à l’Islam, renoncera à son patronyme
    juif pour prendre le nom de Gadahn et rejoindra en 1998 le Pakistan où
     il
    vit depuis.
    
    Les contempteurs de la théorie du complot pourront ici se régaler. Il
    n’empêche. L’idéologue du supposé Al Qaïda, son porte-parole
    et, dans l’hypothèse probable de la mort de Ben Laden, le deuxième
    personnage de la nébuleuse terroriste islamique, s’appelle Adam
    Pearlman. Il est le petit-fils d’un des responsables majeurs de
    l’Anti-Defamation League of B’naï Brith, la plus radicale des
    organisations sionistes. On ajoutera que, si ce n’est une mention
     confuse
    dans le Los Angeles Times et le Washington Post, le silence dans cette
    affaire de l’énorme machine médiatique US est effrayant."
    ( dépêche de l'AVISEUR INTERNATIONAL )
    LE MONDE DIPLOMATIQUE :
    Israël, l’antisémitisme et l’ex-président James Carter

    « Comment est-il possible que cet homme ait pu devenir président des Etats-Unis ? », s’interroge le New York Post dans un éditorial du 15 janvier dernier. Tout lecteur peu informé pense à ce moment-là que le quotidien du groupe de M. Rupert Murdoch règle son compte à M. George W. Bush. Il n’en est rien. « De président raté, il est devenu un ami des tyrans de gauche, détracteur global de tout ce qui peut représenter les intérêts légitimes de l’Amérique. » Mais alors, qui est ce président, « conseiller en relations publiques de feu Yasser Arafat, “diabolisateur d’Israël” », et qui, en outre, « excuse les exécutions massives » ? La réponse : M. James Carter. « Il a dépassé la limite », s’emporte le New York Post, demandant au Parti démocrate de réagir à tout ce que l’ex-locataire de la Maison Blanche peut déclarer.

    Qu’a donc fait l’ancien président (1977-1981) pour mériter pareil traitement ? Il a écrit un livre – Palestine : Peace not Apartheid. Et, dans celui-ci, il affirme : si la répression se poursuit à Gaza et en Cisjordanie, si Israël ne consent pas à négocier l’existence d’un Etat palestinien, on pourrait arriver à une situation similaire à celle de l’apartheid sud-africain, « deux peuples occupant la même terre, mais complètement séparés l’un de l’autre, avec les Israéliens en position dominante et privant, de manière répressive et violente, les Palestiniens de leurs droits les plus fondamentaux ». En réponse, l’Anti-Defamation League fait publier des annonces dans divers journaux accusant l’auteur d’être antisémite.


    — Jimmy Carter, Palestine : la paix, pas l’apartheid, L’Archipel, Paris, 240 pages, 21,95 euros. Sortie en librairie le 17 octobre.
    — Ilan Pappe, The Ethnic Cleansing of Palestine, Oneworld Publications, Oxford, 2007, 320 pages, 14,95 dollars.
    — Yossi Goldstein, Yitzhak Rabin, biographie (en hébreu), Schoken, Tel-Aviv, 2006, 590 pages, 9 shekels.
    — Rashid Khalidi, The Iron Cage : The Story of the Palestinian Struggle for Statehood, Beacon Press, Boston, 2006, 281 pages, 24,95 dollars.
    — John Mearsheimer et Stephen Walt, Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, Paris, 224 pages, 15 euros. Sortie en librairie le 29 septembre.

    M. Carter a bien répondu qu’il faisait référence à l’impact de la situation sur la Palestine et non à la démocratie israélienne. La comparaison n’en a pas moins provoqué des réactions acérées d’une partie de la communauté juive américaine qui, à l’instar de l’Anti-Defamation League, assimile toute critique des politiques israéliennes à de l’antisémitisme. L’effet fut immédiat : le Parti démocrate écouta les conseils du New York Post. M. Howard Dean, président du parti, et Mme Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, prirent leurs distances avec M. Carter. L’affaire est gênante pour eux puisque, en période électorale, elle les oblige à prendre position sur le conflit israélo-palestinien.

    Les lecteurs ne pensent pas la même chose : plusieurs mois après sa publication, le livre continuait à enregistrer un beau succès. Analyste politique américain et directeur du Middle East Project, Henry Siegman estime qu’il s’agit d’une œuvre honnête et sans grandes nouveautés, et que la panique qu’elle a provoquée « révèle l’ignorance de la classe politique américaine, aussi bien les démocrates que les républicains, sur le conflit israélo-palestinien (1) ».

    M. Carter, qui rapprocha les positions israélienne et égyptienne en vue de la signature de l’accord de Camp David (1978) concernant le retrait des forces israéliennes de la péninsule du Sinaï, fait état dans son ouvrage de ses souvenirs de voyage et de ses contacts avec les dirigeants de la région, il y a trente ans. Présentant une explication didactique du conflit, il réalise une compilation équilibrée des propositions de paix existantes, tenant compte de la nécessité d’un Etat pour chacune des deux communautés et de garanties de sécurité suffisantes pour Israël. Pour qui le lit sans préjugés, le livre critique les politiques du gouvernement de Tel-Aviv, mais n’est pas hostile à ce pays, contrairement à ce que les détracteurs prétendent.

    Tant que la répression israélienne continuera, prétend M. Carter, il y aura du terrorisme – affirmation scandaleuse à l’époque de la « guerre contre le terrorisme » ? Il souligne aussi que « la colonisation et le contrôle continus des terres palestiniennes par Israël ont été les principaux obstacles à l’obtention d’un vaste accord de paix en Terre sainte ». Sans oublier de condamner le terrorisme palestinien – mais insuffisamment selon Ethan Bronner, un critique du New York Times  (2) —, M. Carter ajoute que, depuis l’accord de Camp David, ce sont les gouvernements israéliens qui ont surtout bloqué le processus de paix. Il évoque en effet comment le premier ministre israélien Menahem Begin fut le premier à refuser l’application de dispositions de l’accord telles que le respect des résolutions 242 et 338 de l’Organisation des Nations unies interdisant l’appropriation du territoire par la force, demandant le retrait israélien de Cisjordanie et de Gaza, et « la reconnaissance du peuple palestinien en tant qu’entité politique différente et en droit de déterminer son avenir ».

    Par ailleurs, il reprend les thèses selon lesquelles, lors d’un sommet ultérieur, également à Camp David, entre le président des Etats-Unis William Clinton, le premier ministre israélien Ehoud Barak et Yasser Arafat (11 au 24 juillet 2000), il n’y aurait pas eu de proposition concrète faite à ce dernier sur la construction d’un Etat palestinien ; il serait par conséquent faux de prétendre que le président palestinien a bloqué les négociations, gâchant ainsi une grande chance. Pour avoir réfuté cette idée reçue, M. Carter a été rabroué par M. Dennis Ross, l’envoyé spécial de M. Clinton au Proche-Orient (3). Il est pourtant soutenu par d’autres spécialistes (4).

    « Il existe un sentiment généralisé dans le monde arabe et à travers l’Europe, qui n’est pourtant pas ressenti aux Etats-Unis, concernant l’absence de considération de notre gouvernement pour la souffrance palestinienne, note M. Carter. Et il n’est pas nécessaire d’être opposé à Israël pour protéger les droits des Palestiniens à vivre dans leur propre territoire et en paix sans être assujettis à une puissance occupante (5). » Si ce type d’affirmation est courant en Europe et dans le monde arabe, il est effectivement moins fréquent aux Etats-Unis.

    L’ex-président et directeur du Centre Carter de recherche sur la paix et les conflits précise encore que le gouvernement de M. George W. Bush a abandonné les Palestiniens à leur triste sort et rappelle qu’Israël bloque les possibilités d’un accord. Le refus des gouvernements de MM. Bush et Olmert de négocier avec le gouvernement de coalition palestinien – Fatah et Hamas – en mars 2007 a dramatiquement confirmé cette réalité.

    Violemment attaqué sur sa référence à l’apartheid, M. Carter a réaffirmé sa position en déclarant : « La solution de rechange à la paix, c’est l’apartheid, non pas à l’intérieur d’Israël, je le répète, mais en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est, le territoire palestinien. C’est dans cette zone que l’apartheid existe sous sa forme la plus méprisante, les Palestiniens y sont privés de leurs droits les plus fondamentaux (6). » Face à cet état de fait, M. Carter insiste sur trois conditions pour parvenir à la paix dans la région : des garanties pour la sécurité de l’Etat d’Israël, la fin de la violence des Palestiniens, et la reconnaissance par Israël du droit de ces derniers à disposer d’un Etat dans les frontières d’avant 1967.

    M. Carter a estimé que la vie en Cisjordanie pouvait être « plus oppressante » pour les Palestiniens qu’elle ne l’était pour la population noire sud-africaine : en matière économique, Israël dépend de moins en moins de la force de travail palestinienne en raison des flux migratoires venus d’autres pays ; l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie mobilise beaucoup plus d’effectifs de sécurité que ceux déployés par le régime sud-africain ; enfin, les colons israéliens ont occupé la terre palestinienne et, pour sécuriser leur vie et leurs infrastructures, l’Etat israélien déploie un système de contrôle sophistiqué envers les Palestiniens.

    Dans un long article, Joseph Lelyveld, jusqu’à très récemment directeur exécutif du New York Times et ex-correspondant en Afrique du Sud, considère que Carter fait un usage restrictif du concept d’apartheid lorsqu’il l’applique au problème israélo-palestinien, car il le limite à la séparation entre Israéliens et Palestiniens et à la confiscation des terres par Israël. D’après lui, le problème serait encore plus grave et les similitudes entre l’apartheid et le système israélien plus nombreuses.

    En comparant les deux situations, Lelyveld remarque que, proportionnellement, Israël s’est approprié autant de territoires que le régime raciste d’Afrique du Sud. Au temps de l’apartheid, existait un système très complexe de permissions destiné à réguler le déplacement des individus selon leur statut légal. Israël l’impose aujourd’hui à travers un régime similaire pour classer et limiter les allées et venues des Palestiniens. Le correspondant à Jérusalem du journal britannique The Guardian, Chris McGreal, ajoute pour sa part qu’« il existe peu d’endroits dans le monde où les gouvernements élaborent une série de lois sur les nationalités et les résidences conçues pour être utilisées par une partie de la population contre l’autre. L’Afrique du Sud de l’apartheid en fut un. Israël en est un autre (7). »

    Chris McGreal a été également le correspondant du Guardian pendant dix ans en Afrique du Sud. Les comparaisons qu’il établit entre les aspects de la domination israélienne sur les Palestiniens et ceux de l’apartheid confirment les similitudes non seulement dans les formes d’oppression mais aussi dans la souffrance infligée. Les services publics offerts par la municipalité de Jérusalem, par exemple, sont souvent meilleurs pour les Israéliens que pour les Arabes qui vivent dans la partie annexée de la ville. Peu après la publication dans The Guardian des articles sur les comparaisons et les étroites relations militaires qui existaient entre le régime de l’apartheid et Israël, le Committee for the Accuracy in Middle East Reporting in America (Camera) l’a accusé de mentir et de falsifier des faits pour délégitimer Israël (8).

    En réalité, l’accusation qui pèse sur Tel-Aviv de mettre en place un système similaire à celui de l’apartheid est de plus en plus fréquente en Israël même. Pour des personnes critiques du gouvernement – tel le courageux avocat Daniel Seidemann, qui défend les Palestiniens depuis des années en s’appuyant sur les lois israéliennes – et pour les organisations de défense des droits humains, c’est une évidence. Divers auteurs ont exploré ces deux scénarios – apartheid sud-africain et occupation israélienne des territoires palestiniens. La Fondation sociale-démocrate allemande Friedrich-Ebert, par exemple, a publié trois études sur le processus de négociation et de transition sud-africaine et sur les enseignements qui pourraient en être tirés pour parvenir à un processus de paix entre Israël et Palestine (9).

    L’exclusion des Palestiniens a débuté en 1948, avec l’expulsion de sept cent cinquante mille d’entre eux. Cette politique se poursuit par divers moyens de harcèlement destiné à les pousser à abandonner leur lutte pour l’existence d’un Etat, à partir ou à accepter de vivre dans des zones éloignées, réduits au rang de citoyens de deuxième classe (selon cette interprétation, le retrait israélien de Gaza a été une forme d’enfermement pour sa population). Dans un livre très documenté, Ilan Pappe décrit les formes répressives et institutionnelles que son pays a utilisées pour déplacer la population palestinienne et la soumettre à un statut de citoyens de seconde zone (10). Allant beaucoup plus loin que l’ancien président Carter, Pappe considère que si le « nettoyage ethnique » signifie « l’expulsion par la force d’une région ou territoire particulier afin d’homogénéiser une population mixte ethniquement » et si « l’intention de cette expulsion est de provoquer l’évacuation de la plus grande majorité de résidents, mettant tous les moyens à la disposition de celui qui expulse », alors Israël a pratiqué cette procédure durant six décennies.

    Une situation destructrice pour les Palestiniens mais également pour la société israélienne. Un article de la revue juive Tikkun, publiée aux Etats-Unis, indique que les idéaux du sionisme – créer un Etat qui fournisse un refuge à la communauté juive dans le monde et qui soit un modèle de liberté – ont été réduits à néant. « Le rêve sioniste est devenu un cauchemar, déclare Jerome Slater, en partie parce qu’il n’y a pas d’endroit plus dangereux pour les Israéliens qu’Israël et à cause du “péché originel” d’avoir dépossédé les Palestiniens de leur terre (11). »

    Les critiques de M. Carter à l’égard d’Israël et des Etats-Unis se retrouvent, en plus détaillées, dans le récent ouvrage de l’Américain d’origine palestinienne Rashid Khalidi, également victime d’attaques systématiques depuis que l’université Columbia lui a attribué en 2003 la chaire Edward-Said et la direction de l’Institut d’études sur le Moyen-Orient de la faculté (12). Dans ses derniers ouvrages, Khalidi décrit la relation existant entre la conception impérialiste des relations américaines avec les Etats du Proche-Orient et la façon dont Tel-Aviv et Washington empêchent la formation d’un Etat palestinien (13). Le New York Post, qui l’a accusé d’antisémitisme en 2004, a également prétendu que la chaire Edward-Said était financée par certains gouvernements arabes.

    Le harcèlement dont Khalidi est victime est devenu une pratique de plus en plus fréquente sur les campus universitaires des Etats-Unis. Diverses organisations, dont certaines étudiantes, sont chargées d’enquêter sur les dires et faits de professeurs qualifiés d’« antisémites », comme dans le cas de Khalidi, et de réaliser des films les accusant et les dénonçant. L’organisation de Boston The David Project, Center for Jewish Leadership réalisa un film en 2004 sur les supposés harcèlements d’étudiants juifs exercés par les professeurs Joseph Massad et George Saliba, de l’université Columbia (14). Sur le site Internet du David Project, on trouve une sélection de plus de trente articles critiquant le livre de M. Carter (15). Il existe également des groupes et des sites chargés d’analyser le travail d’organismes de défense des droits humains et de fondations américaines, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme des politiques antisémites ou des appuis économiques à des organisations palestiniennes.

    Accusant Khalidi de « ne pas être objectif (16) », Campus Watch organise de son côté une dénonciation systématique des prétendues déclarations contre Israël et les Etats-Unis dans les salles de cours. Dans une page Internet créée par l’anti-islamiste d’extrême droite Daniel Pipes, les étudiants sont encouragés à fournir des informations sur les professeurs (17). La tension autour des enseignants critiques à l’égard de Tel-Aviv a augmenté l’an dernier, lorsque deux prestigieux universitaires spécialistes des relations internationales ont publié un essai soulignant que les « groupes de pression juifs » aux Etats-Unis dominaient la politique extérieure américaine au Proche-Orient et que la guerre en Irak n’aurait pas pu avoir lieu sans le climat qu’ils ont créé (18). La réaction fut très dure.

    Quelques mois plus tard, l’universitaire britannique Tony Judt, directeur du Remarque Institute (université de New York), spécialisé dans l’étude de l’Europe contemporaine, a également été victime d’une campagne lui prêtant des idées antisémites : il avait soutenu que la seule solution au conflit du Proche-Orient était l’existence d’un Etat israélo-palestinien intégrant les deux nations (19). Ayant eu des positions pro-israéliennes dans sa jeunesse, Judt est aujourd’hui considéré comme un traître. En octobre 2006, l’Anti-Defamation League exerça des pressions sur le consulat polonais à New York afin de faire annuler une conférence qu’il devait donner dans ce pays. L’annulation déclencha une rude polémique. Pourtant, Judt a réitéré que l’avenir d’Israël était compromis si ce pays continuait sa politique d’occupation répressive en Palestine, dans... un grand quotidien israélien (20).

    Mariano Aguirre*

    http://www.monde-diplomatique.FR/2007/09/AGUIRRE/15081 
    Fin article Vedrine-Sarkozy qui se trouve à la fin de INFORMATION (2):


    troupes pour l’Afghanistan et à “aller dans les endroits où il y a des combats (contre les Taliban), même s’ils sont eux aussi victimes d’engins explosifs improvisés et d’attentats suicides”, ajoutant qu’il “applaudirait” si la France intensifiait son effort. Alors, une réintégration pleine et entière de notre pays au sein de l’Organisation aiderait-elle à la “transformation” de celle-ci ou aboutirait-elle à lui fournir toujours plus de chair à canon, en échange de quelques postes de commandement prestigieux mais illusoires puisque, aussi bien, tout est en dernier ressort décidé et ordonné par le Pentagone et la mafia neo-conservative dirigeant les Etats-Unis? Evoquant dans son rapport les tentations de “rentrer dans l’OTAN”, Hubert Védrine estimait que”La France prendrait un grand risque en s’en remettant pour sa politique étrangère à une nouvelle sainte alliance occidentale génétiquement programmée pour affronter pour des raisons idéologiques, sécuritaires ou autres les pôles non occidentaux, conduite par des Etats-Unis non influençables de l’extérieur et sujets à des accès d’aventurisme”. Tout comme notre pays “s’illusionnerait et s’affaiblirait gravement en s’en remettant à la problématique politique étrangère de la virtuelle Europe puissance, se déterminant à la majorité de ses 27 membres”. Evidemment, il est infiniment plus confortable pour Sarkozy et ses parrains d’outre-Atlantique d’avoir comme patron du Quai d’Orsay un Kouchner, qui fera de son mieux pour transformer notre antique ministère des Affaires étrangères et département de la Mondialisation (voir notre dernier n°), comme le lui a formellement enjoint le chef de l’Etat dans la «lettre de mission» qu’il lui a adressée le 27 août. C.-M. G - medved-igor@inbox.lv
    Objet: l'UE finance des appels au meurtre
    Le cabinet ministériel israélien a décidé de déclarer la bande de
    Gaza sous occupation « entité hostile, » ce qui permettra à ses
    propres yeux de couper les approvisionnements déjà réduits en
    nourriture, eau, électricité et carburant que les détenus de la bande
    de Gaza étaient autorisés à recevoir. La décision a rapidement
    obtenue le support de la secrétaire d’état américaine Condoleezza
    Rice.
    
    The Electronic Intifada, le 21 septembre 2007
    http://electronicintifada.net/v2/article9002.shtml
    
    Israël est la puissance occupante dans la bande de Gaza, en dépit
    d’avoir enlevé ses colons en 2005 et après avoir transformé ce
    territoire qui héberge près d’un million et demi d’habitants --- la
    plupart du temps des Palestiniens réfugiés --- en la plus grande prison
    en plein air au monde qu’il assiège et bombarde depuis l’extérieur.
    En vertu du droit international, Israël est responsable du bien-être du
    peuple dont il contrôle les vies et les terres.
    
    Il y a eu à peine quelques faibles bêlements de protestation de la part
    de Ban Ki-moon, le sécrétaire général des Nations Unies (une «
    telle étape serait contraire aux engagements d’Israël envers la
    population civile en vertu du droit international, des droits de
     l’homme
    et du droit humanitaire ») et de la part de l’Union Européenne - «
    [la Commission Européenne - CE] espère qu’Israël ne trouvera pas
    nécessaire de mettre en application les mesures pour lesquelles les
    décisions [du cabinet] ont fixé hier le cadre. »
    
    Quoi ? La CE espère qu’Israël ne trouvera pas nécessaire de couper
    les approvisionnements en eau à 1,5 million de personnes dont la moitié
    sont des enfants ? Ces rappels servent uniquement à souligner
    qu’Israël agit dans un contexte où « la communauté internationale
    » s’est accoutumée à un discours qui prône l’extermination des
    Palestiniens - politiquement et physiquement.
    
    Yossi Alpher, par exemple, un ancien directeur du centre Jaffee pour
     les
    études stratégiques à l’université de Tel Aviv et autrefois
    conseiller spécial de l’ancien premier ministre israélien Ehoud
    Barak, explique de sang-froid cette semaine qu’Israël devrait
    assassiner les dirigeants démocratiquement élus qui ont remporté les
    élections législatives palestiniennes en janvier 2006 - demandant que
    l’on « décapite la direction du Hamas, militaire et ‘civile’».
    En vérité, admet-il, il y aurait un prix possible à payer : «
    Israël payerait alors assurément un prix en termes de condamnation
    internationale, en particulier si des civils innocents étaient tués
    », et parce que « Israël viserait vraisemblablement les dirigeants
    légalement élus du Hamas qui ont gagné une élection tout à fait
    régulière ». Néanmoins, une telle condamnation serait rapidement
    oubliée et, argumente-t-il, « c’est un mode de revanche et de
    dissuasion dont l’efficacité a été prouvée », et par
    conséquent, ceci est « une option intéressante à considérer ».
    *
    
    Alpher n’a pas incité au meurtre d’hommes politiques
    démocratiquement élus dans un journal marginal de droite, mais dans le
    bulletin en ligne Bitterlemons financé par l’Union Européenne qu’il
    a fondé avec l’ancien ministre de l’Autorité Palestinienne Ghassan
    Khatib. Quel journal publierait un appel par un Palestinien — ou
    n’importe qui d’autre — pour appeler à l’assassinat du premier
    ministre israélien ? Alpher ne se soucie vraisemblablement pas que des
    visas lui soient refusés pour participer à des conférences dans
    l’Union Européenne, ou qu’il ne puisse recevoir d’invitations
    venant d’universités américaines. L’histoire nous prouve qu’il
    peut se sentir confiant et qu’il ne souffrira aucune conséquence. En
    effet, dans le climat politique actuel, n’importe quelle tentative
    d’exclure Alpher pourrait même être présentée comme une attaque
    contre la liberté universitaire !
    
    Les déclarations qui réduisent les Palestiniens à une simple
    existence biologique à laquelle il peut être mis fin sans aucun doute
    moral ne sont pas des exceptions. En mai, comme cela est rapporté par
     le
    Jerusalem Post, l’ancien rabbin sépharade Mordechai Eliyahou a publié
    en Israël un décret religieux adressé au premier ministre et
    déclarant « qu’il n’y avait absolument aucune prohibition morale
    contre le massacre aveugle de civils pendant une offensive militaire
    massive sur Gaza visant à faire cesser les tirs de fusées » (Top
    Israeli rabbis advocate genocide - The Electronic Intifada, 31 mai
     2007).
    Je n’ai pu trouver aucun communiqué venant d’aucun responsable
    israélien condamnant l’ordre d’Eliyahou.
    
    Et, dans un blog daté du 6 septembre, un conseiller de Rudolph
     Giuliani,
    candidat bien placé à l’investiture républicaine pour la prochaine
    élection présidentielle américaine, a appelé à « couper les
    services à l’Autorité Palestinienne aussi bien qu’une foule
    d’autres mesures, telles qu’interdire tout transport [dans les
    territoires palestiniens] de personnes ou de marchandises au delà des
    nécessités de base, appliquant la peine de mort contre les meurtriers,
    et rasant les villages d’où des attaques sont lancées. » Ceci, a
    indiqué le conseiller, « ferait que les Palestiniens seraient
    impressionnés par la volonté israélienne de survivre, et
    rapprocherait leur possible acceptation de l’état juif ». (Giuliani
    Advisor : Raze Palestinian Villages - Ken Silverstein, le Harper
     Magazine,
    14 sept 2007).
    
    Giuliani n’a fait face à aucun appel d’autres candidats pour
    écarter le conseiller en question pour avoir préconisé des crimes de
    guerre à motivation etnique et religieuse. En effet la présence d’une
    telle personne dans sa campagne pourrait même représenter un des ses
    atouts.
    
    La dernière déclaration gouvernementale israélienne est faite alors
    que les Palestiniens cette semaine ont commémoré le 25ème
    anniversaire des massacres des camps de réfugiés de Sabra et Shatila
    à Beyrouth, dans lesquels étaient partie prenante d’actuels
    dirigeants politiques et militaires israéliens. Nous pouvons nous dire
    que le déshumanisation des Palestiniens et d’autres Arabes par les
    Israéliens, le meurtre presque quotidien d’enfants, la destruction des
    communautés et la ségrégation raciste à l’encontre de millions de
    personnes ont été tellement normalisés que si ces massacres se
    produisaient aujourd’hui, Israël n’aurait pas besoin de passer par
    l’exercice compliqué consistant à nier sa culpabilité. En effet, la
    dite « communauté internationale » s’en rendrait à peine compte.
    
    Ali Abunimah est cofondateur d’Electronic Intifada et l’auteur de One
    Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse
    
    Traduction : [AI0 - Info-Palestine.net ]
    
    * Traduction intégrale et diffusion par Les Amis belges de Shalom
     Archav
    : Décapiter le leadership du Hamas
    
    <
    

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